Plusieurs voix de l’industrie résonnent cette semaine dans les médias pour manifester leurs désarrois face aux difficultés croissantes auxquelles font face les entreprises du camionnage. Dans un contexte économique incertain, le stratagème « Chauffeur inc. » et le resserrement des mesures relatives à l’embauche de travailleurs étrangers temporaires accentuent le fossé entre les pouvoirs-publics et les réalités quotidiennes des transporteurs.
Le premier coup de semonce est initié par La Presse qui, le 18 juillet 2025, s’est entretenu avec Réal Gagnon, Président de Trans-West, transporteur membre de l’ACQ. Ce dernier témoigne de la concurrence déloyale dont il est victime face aux « entreprises qui engagent [des conducteurs incorporés] et qui ne paient pas de frais marginaux ». Un constat amer qui, combiné au « ralentissement économique et à la baisse de l’intérêt des consommateurs envers les produits américains comme les fruits et légumes », le contraignent à envisager des mises à pied : « Si rien ne change, une centaine de chauffeurs pourraient perdre leur gagne-pain à l’automne. »
Dans le même article, Marc Cadieux, Président-directeur général de l’ACQ, considère ce « cri du cœur » comme « un avertissement aux gouvernements » alors que « de plus en plus de décisions du genre » risquent d’être observées dans les prochains mois. Il insiste sur « ce marché grugé par la concurrence déloyale » tout en rappelant la responsabilité des expéditeurs dans leur « recherche des prix les plus bas, mais les yeux fermés ».
Un constat qui traverse les années mais qui est renforcé ces derniers mois par une situation économique changeante : « Du transport des matières premières à la livraison des biens aux consommateurs, le camionnage est impliqué dans toute la chaîne de production et ressent rapidement l’effet des fluctuations économiques » comme il le rappelle dans Le Devoir le 19 juillet 2025.
Le Journal de Québec revient le même jour sur le reportage de J.E, Bureau d’enquête, diffusé le 21 mars 2025 : manque de formation, véhicule mal entretenu, surexploitation des conducteurs et documents plus en règle… Le modus operandi des entreprises qui recourent à des conducteurs incorporés avait été alors largement mis en lumière. Des comportement repréhensibles justifiés par « l’appât du gain » d’entreprises de transport peu scrupuleuses, mais pas seulement : Marc Cadieux y souligne le rôle des expéditeurs qui s’exposent à de nombreux risques*.
Risque réputationnel, perte de contrat, responsabilité criminelle... Dans son Manuel de compréhension rapide (EN/FR) « Stoppons Chauffeur inc. » présenté le 27 mars 2025, l’ACQ expose tous les risques auxquels les expéditeurs s’exposent en travaillant avec les transporteurs qui recrutent des conducteurs incorporés.
Ce 21 juillet 2025, Charles Dutil, Président-directeur général de Manac - membre de l’ACQ - se questionne dans le Journal de Québec sur le non-sens des dernières mesures fédérales qui restreignent l’embauche de travailleurs étrangers temporaires (TET). En prévision d’un « environnement économique » qui redeviendra tôt ou tard favorable, les TET sont « une nécessité » alors qu’il annonce l’agrandissement de son usine principale, prévoyant ainsi une demande « importante » en main-d’œuvre pour les prochaines années.
En mai 2025, le fabricant de semi-remorques s’était joint à un groupement de 23 entreprises, réparties sur l’ensemble de la province, pour intenter une cause d’action en dommages et intérêts contre le gouvernement fédéral. Un « signal d’alarme » sur lequel revient en détail le Journal de Montréal. Tous dénoncent des changements « soudains et fulgurants » qui ont « pris de court les entreprises » déjà engagées dans de lourds investissements et contrats : « Il y a des pénalités rattachées à ça. »
Retrouvez tout le travail de l'ACQ dans les Dossiers dédiés au recrutement international et au combat contre le stratagème « Chauffeur inc. ».
